d'Ange Bastiani

L'overdose, c'est la goutte d'eau, si l'on peut dire, qui fait déborder le vase, c'est la frontière à ne pas franchir, c'est la quantité de drogue en excès qui transforme aussi sec  un camé, occasionnel ou invétéré, en cadavre... De ces jeunes cadavres qu'on retrouve trop régulièrement en train de flotter au fil de la page des faits divers de la presse quotidienne.

Qu'un père de famille, industriel de profession, vienne errer de bar en bar, entre le Quartier Latin et Saint-Germain-des-Prés, pour tenter de retrouver la trace de sa fille unique, une charmante mineure tant soit peu fugueuse, et qu'il s'égare dans le lit d'une non moins charmante hippie, est une chose... Mais que celle-ci décède entre ses bras ou presque, sous l'effet d'une trop forte dose d'héroïne, et voici le scandale qui menace.

Des "loulous", voyous de banlieue venus chercher fortune dans le sixième arrondissement, vont se charger de porter la situation au rouge tandis que le cadavre de la jeune droguée se promènera de façon bien curieuse. Que l'épouse de l'industriel  en question en arrive à se mêler à l'affaire alors qu'elle n'est pas, elle-même, pure de tout reproche, n'est pas fait pour arranger les choses.

Quoi de surprenant alors, si certains sont portés à utiliser le pistolet ou le rasoir pour résoudre d'épineux problèmes ?...

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d'Ange Bastiani

Là, c'est pas la piscine de tout le monde. Baignoire de marbre noir, robinets de porcelaine fleuris de papillons et de myosotis, miroir mural à trois faces sur tout la largeur de la pièce, et sur une coiffeuse assortie à la baignoire, les Champs-Elysées et le Faubourg Saint-Honoré, en flacons, tubes, pots, petites boîtes gentilles et vaporisateurs mignons...

Un seul détail qui cloche. À deux pas d'un pèse-beauté, sur le tapis de caoutchouc mousse à carreaux noirs et blancs, un gros homme, vêtu d'un complet bleu à raies grises, est étendu sur le ventre, les bras en croix.

On ne voit pas son visage, mais un seul regard sur son crâne transformé en bouillie sanglante suffit à faire comprendre qu'il ne risque pas de se relever pour faire le saut périlleux.

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d'Ange Bastiani

Être peintre abstrait, pratiquement sans le sou et apatride par surcroît, n'a jamais été une excellente recommandation pour tenter de se faire admettre en qualité de gendre dans une famille de la grosse bourgeoisie normande.

Pourtant, Michel Manescu, en dépit de l'hostilité de toute une tribu, parviendra à épouser en justes noces la jeune et ravissante Sophie Guérin-Louvel.

Mais la lune de miel des nouveaux mariés sera de courte durée. Quelques heures à peine et c'est au cours même du lunch de mariage que l'on découvrira la toute récente Madame Manescu, pendue dans une buanderie.

Bien vite, l'hypothèse du suicide va être écartée et, dès lors, les soupçons vont converger sur Michel qu'un concours de circonstances malheureuses a placé en fâcheuse posture. Il ne lui restera plus qu'à se mettre tout seul à la recherche du véritable coupable, mais, ce faisant, la disparue révélera d'elle un bien étrange visage...

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d'Ange Bastiani

_ Tu es de Plouzévédé, François, ricana le plus petit des deux matelots, l'air d'un vrai plouc avec cette mousmé sous le bras. Quand je pense qu'avec le même nombre de points, tu pouvais emporter une bouteille de mousseux. Qu'est-ce que je dis ?  Une, deux  peut-être...

_ De la pisse d'âne, rétorqua l'autre, avec l'accent rocailleux des Côtes-du-Nord.

_ Et alors? Ça se laisse boire quand même, non ?  Alors que tu es bien avancé d'avoir choisi cette poupée, sacré mao .

_ Et si j'ai l'intention d'en faire cadeau à quelqu'un ?

_ À qui ?

_ Ça te regarde ?

Son compagnon haussa les épaules; tandis que François Riou couvait d'un oeil tendre la marquise blonde en robe à paniers de satin bleu ciel qu'il serrait contre lui. Il était très grand, large d'épaules et avançait avec la démarche lente d'un boeuf de labour.

À son côté, le second marin tanguait un peu...

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d'Ange Bastiani

Dans le vivier du restau que je tiens sur la Côte, qu'est-ce que je retrouve un beau matin ? Le cadavre de Nina, la petite bonne, parmi les poissons de roche et les crevettes!

Le temps de masquer le corps en le recouvrant d'un suaire de goémon bien confortable... Et qui est-ce qui m'rend visite ? Albert et Zé de vieux potes à moi, mais que je n'avais pas du tout envie de revoir. D'autant qu'ils m'annoncent tout de go, qu'ils viennent pour toucher un petit pourliche de "protection ".

C'était bien la peine de m' être retiré des voitures !

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Édition originale: Éd. Gallimard (1956)

d'Ange Bastiani

La monotonie de la vie dans le cadre parfois lugubre des H.L.M, les sollicitations diverses et exigeantes de la société dite de consommation, les difficultés sans cesse accrues d'équilibrer le budget familial ont poussé sinon contraint toute une catégorie de jeunes femmes, la plupart du temps mariées et parois mères de famille à exercer d'une manière plus ou moins discrète, plus ou moins sporadique, avec ou sans le consentement de leur époux, la plus vieille profession du monde...    

Si pour la plupart du temps, elles échappent au fichier de la police, elles ont cependant été dotées d'une étiquette: celle d'étoiles filantes.

Certains maris trop confiants, pourront après lecture, se demander où leurs charmantes épouses passent leurs après-midi. Certaines jeunes femmes y découvriront, pour leur plus grand profit que, le petit doigt dans l'engrenage, de légers écarts de conduite un peu trop rémunérateurs, peuvent les mener tout droit aux Assises.

Et si le veau d'or est plus que jamais sur ses pattes, il est extrêmement dangereux pour les filles prodigues de se hasarder à supprimer le veau gras.

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d'Ange Bastiani

_  Boule en verre ? Marc de café ? Les taches d'encre ? Les épingles ou tout simplement les cartes ?

_  Rien du tout, fait l'autre  en allumant une cigarette.

Là, je flaire le flic. C'est pas que je sois mal avec eux. Je suis déclaré à la Préfecture, enregistré, paré. Jamais d'ennuis. Jusqu'ici ! Mais avec les cézigues, on ne sait jamais... Suffit d'un qui ait des embarras gastriques ou des besoins d'argent pour garnir le soulier de Noël de sa dame.

_ Peut-être, Vous êtes-vous trompé d'adresse ? D'étage ?, je suggère sans conviction, en balançant une nouvelle ration d'encens dans les cassolettes, dans le vague espoir que l'odeur intimidera le monsieur...

_ Non, grommelle-t-il, je me gourre pas. Je me gourre jamais quand j'ai une conversation à avoir avec quelqu'un...

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d'Ange Bastiani

En face de lui, la femme faisait malgré tout le poids... Quarante-cinq ans et ne les paraissant pas. Grande elle aussi, sculpturale, d'admirables épaules que laissait nues la robe de crêpe de soie vert amande, une taille de jeune fille et un buste de figure de proue. 

Poussant la coquetterie jusqu'à ne pas teindre un seul des mille fils gris et blancs qui parsemaient sa crinière brune. Et sous l'épaisse toison dont la frange devait masquer un front plutôt court, un masque de grand fauve. Les sourcils très noirs, très fournis, garnissant jusqu'à la tempe, l'arcade sous laquelle, profondément enfouies, brillaient d'immenses prunelles d'un gris mauve, pailletées d'or...

Maquillée moins discrètement, il y aurait eu de la vulgarité dans l'expression de ces lèvres larges, charnues, que la moindre moue devait rendre agressives ou provocantes. Aux commissures, deux petites sillons d'amertume, aux paupières, un réseau de fines rides ironiques. Une magnifique bête de sang ...

Éditions PRESSES DE LA CITÉ

d'Ange Bastiani

Du moment où le grand Georges, dit Geo-la-sulfateuse, et ses Corses ont décidé de nettoyer leur fief des équipiers à Raffaélo-le-Sicilien, c'est entre Marseille et Nice, la corrida a muerte, au son des sifflets à faire valser les escargots et des mécaniques à secouer le paletot .

Les croque-morts ont du cadavre sur la planche. À l'arrière-plan, de hautes personnalités politiques, des grossiums, tirent les ficelles... Et, c'est sur leurs ordres que les deux bandes vont se disputer la possession d'une serviette bourrée de documents compromettants, concernant certains trafics avec l'Extrême-Orient .

Un peu bousculée, la valise diplomatique...

Éditions GALLIMARD

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Édition originale: Éd. Gallimard (1954)

1918 - 1977

Biographie

Ange Bastiani de son vrai nom Victor-Marie Lepage est né en 1918 à Brest, (comme l'affirme un commentaire plus bas en date du 7 février 2013), il semble que les biographes ne s'accordent pas sur ce point, mais l'État-Civil fait foi! Il est vrai que rien ne transparaît de la jeunesse de cet homme, sans doute le mystère a-t-il été bien entretenu par Victor-Marie Lepage dont on connaît, par contre, les activités peu glorieuses pendant la guerre de 1939-1945. ( lmda.net )

Pour se lancer dans la littérature, il lui faut prendre un pseudonyme, et, c'est d'abord sous le nom de Maurice Raphaël qu'il commence à se faire connaître comme romancier, entre 1948 et 1953. Il est tout de suite encensé par André Breton, Marcel Duhamel et Raymond Guérin, c'est peut-être d'ailleurs ses ouvrages écrits sous ce pseudonyme qui marquent le plus le roman noir. (À lire, pour information, "La croque au sel" paru en 1952, mais réédité par "L'esprit des péninsules" en 2005.)

L'auteur ne peut cependant se satisfaire de la reconnaissance chaleureuse d'un groupe d'écrivains, il veut écrire, écrire, encore écrire et être publié, au même rythme. Il se lance alors dans l'écriture en tout genre, romans passion, romans érotiques, pièces de théâtre, guides touristiques (d'un genre un peu... noir !), des chroniques dans des magazines, et... des romans policiers sous le pseudonyme d'Ange Bastiani, utilisant d'autres pseudonymes selon les genres littéraires qu'il décline.

Ange Bastiani écrit une soixantaine de romans policiers, publiés chez Gallimard, dans la Série Noire ou aux Presses de la Cité, son nom s'ajoutant à une liste d'auteurs de romans noirs des années 50-60 qui ont écrit beaucoup, tous,  sous  divers pseudonymes, dans divers genres littéraires, sans doute pour exorciser quelques "démons", mais pas tous les mêmes de "démons"... Ange Bastiani reste un être à part dans le monde de la littérature policière/noire, il a su avec merveille rendre l'atmosphère d'une France disparue et d'un Paris nostalgique et son nom reste associé à ce groupe d'auteurs qui ont aidé à l'essor de la collection de la Série Noire.

Victor-Marie Lepage, alias Maurice Raphaël, Ange Bastiani, Zep Cassini, Ange Gabrielli, Victor Saint-Victor, Vic Vorlier, Luigi da Costa est mort en 1977, à Paris, des suites d'une longue maladie.

Son oeuvre est considérable sous le seul nom d'Ange Bastiani, il est donc difficile d'établir une liste complète de ses romans policiers ou noirs qui, à ma connaissance, n'ont pas été réédités. D'avance je m'en excuse auprès des amateurs et puristes du roman noir !

Elleon

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voir lereseaumodiano.

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Résumés

1. Arrête ton char Ben-Hur ! (Éd. Gallimard - 1969)
2. Bonsoir Tigresse ! (Éd. Presses de la Cité - 1966)
3. Caltez Volaille ! (Éd. Presses de la Cité - 1962)
4. Coquin de fakir (Éd. Presses de la Cité - 1962)
5. Des étoiles filantes (Éd. Presses de la Cité - 1970)
6. Des immortelles pour mademoiselle (Éd. Gallimard - 1972)
7. Du sang dans les voiles (Éd. Presses de la Cité - 1970)
8. En chair et en or (Éd. Presses de la Cité - 1968)
9. Exquise dans son linceul (Éd. Presses de la Cité - 1967)
10. L'overdose (Éd. Presses de la Cité - 1973)
11. La ribouldingue (Éd. Presses de la Cité - 1972)
12. La fine à l'eau (Éd. Presses de la Cité - 1961)
13. Le bréviaire du crime (Éd. L'Arbre Vengeur - 2013)
14. Le corso des tireurs (Éd. Presses de la Cité - 1966)
15. Le maboul (Éd. Presses de la Cité - 1972)
16. Le pain des Jules (Éd. Gallimard - 1974)
17. Les mauvais lieux de Paris (Éd. Rombaldi - 1978)
18. Les souris valseuses (Éd. Presses de la Cité - 1961)
19. Madame Lucifer vous fait un bras d'honneur (Éd. Jean Dullis - 1974)
20. Panique au paradis (Éd. Presses de la Cité - 1963)
21. Polka dans le champ de tir (Éd. Gallimard - 1972)
22. Qui sème le feu (Éd. Presses de la Cité - 1962)
23. Ratafia de roses (Éd. Presses de la Cité - 1973)
24. Retourne en Enfer (Éd. Presses de la Cité - 1965)
25. Satan a besoin des femmes (Éd. Les Presses Noires - 1968)
26. Terminus cimetière (Éd. Eurédif - 1972)
27. Toutes griffes dehors (Éd. Presses de la Cité - 1971)
28. Un chat dans la gorge (Éd. Presses de la Cité - 1966)
29. Un sac de vipères (Éd. Presses de la Cité - 1965)

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Autres titres

• 200 bistrots secrets de Paris
• Amour, sang et zibeline
• Bals secrets de Paris
• Cache-cache au purgatoire
• Cauchemar en rose
• Coup de typhus
• Crocs en jambe
• Escales secrètes de Paris
• Folle à lier
• Hallali aux halles
• Il court, il court le virus
• La croix des vaches (Perry Blackton - Ange Bastiani)
• La gnôle maudite
• Larmes de sang
• Le bain de minuit
• Le coup du Père Noël
• Le guêpier
• Le grand embouteillage
• Les mauvais lieux de la Côte d'Azur
• Les mauvais lieux des environs de Paris
• Les nouveaux mauvais lieux de Paris
• Les obsédés
• Lune de fiel
• Madame Lucifer scalpe le cerveau
• Monstres et merveilles
• Que le cric me croque
• Requiem pour un chien
• Western-Party

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Sous le pseudonyme de Ange Gabrielli

1. Nous irons en enfer ensemble (Éd. Les Presses Noires - 1968)
2. Pizza au sang (Éd. Les Presses Noires - 1968)

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• Arrivederci, Paris
• La corrida
• Le trésor des nazis
• Les sirènes d'Anvers
• Nuages de sang (Vic Vorlier - Ange Gabrielli)
• Salut calamité !

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Sous le pseudonyme de Maurice Raphaël

• Ainsi, soit-il (Vic Vorlier- Maurice Raphaël)
• Claquemur
• De deux choses l'une (Vic Vorlier - Maurice Raphaël)
• Feu et flammes (Vic Vorlier - Maurice Raphaël)
• La croque au sel
• Le festival de deux choses l'une
• Les chevaux de bois sont ivres
• L'emploi du temps (nouvelles)
• Sauf-conduit
• Une main lave l'autre
• Une morte saison (Vic Vorlier - Maurice Raphaël)

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Sous le pseudonyme de Zep Cassini

• À la vie, à la mort
• Mollo sur la joncaille

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Sous le pseudonyme de Luigi Da Costa

• De l'embauche pour l'enfer

Bonne lecture