Dans les bois éternels

de Fred Vargas

La Brigade avait accumulé des résultats incontestables, mais Veyrenc demeurait très sceptique. À savoir si cette efficacité était le résultat d’une stratégie ou le fruit tombé de la Providence.

Providence qui fermait les yeux, par exemple, sur le fait que Mercadet ait installé des coussins à l’étage et y dorme plusieurs heures par jour, sur le fait qu’un chat anormal défèque sur les rames de papier, que le commandant Danglard dissimule son vin dans le placard de la cave, que traînent sur les tables des documents sans lien avec les enquêtes, annonces immobilières, listes de courses, articles d’ichtyologie, reproches privés, presse géopolitique, spectre des couleurs de l’arc-en-ciel, pour le peu qu’il en avait vu en un mois.

Cet état de choses ne semblait troubler personne, sauf peut-être le lieutenant Noël, un gars brutal qui ne trouvait personne à son goût. Et qui, dès le second jour, lui avait adressé une remarque offensante à propos de ses cheveux. Vingt ans plus tôt, il en aurait pleuré mais aujourd’hui, il s’en foutait tout à fait ou presque.

Le lieutenant Veyrenc croisa les bras et cala sa tête contre le mur. Force indélogeable lovée dans une matière compacte.

Éditions VIVIANE HAMY

Comments

[gabian]

Pas de déception véritable pour ce livre de la série des Adamsberg : toujours cette ambiance décalée, limite déjantée, qui fait le succès du genre. Disons cette fois que l'auteur s'est embringuée seule dans une intrigue à l'explication finale un peu trop vaseuse pour être convaincante.
Mais l'intrigue, hein, c'est clairement au second plan chez Vargas ! Donc ça reste du bel et bon, on dira simplement un peu en-dessous par rapport aux autres.
Ce qui la place loin au-dessus de la production habituelle des tâcherons du genre...