A.I. BEZZERIDES

9 décembre 2008

1908 - 2007

Biographie

Albert Isaac (ou Issok) Bezzerides est né en 1908 à Samsun (actuelle Turquie) d'un père grec parlant le turc et d'une mère arménienne. Il n'a que quelques mois, quand la famille émigre aux États-Unis, s'installant à Fresno où son père va être quelque temps fermier puis commerçant ambulant en fruits et légumes. Le jeune Albert Isaac aide très tôt son père en réparant les camions qu'il utilise pour son commerce, un don et un goût pour la mécanique qu'il mettra toute sa vie en pratique, il lui arrive aussi de conduire lui-même les camions de la petite entreprise familiale. Le temps des études arrivé, le jeune homme choisit comme il se doit l'électronique et obtient son diplôme d'ingénieur à l'Université de Berkeley en Californie.

C'est pendant cette période qu'il rencontre son meilleur ami Saroyan, lecteur assidu qui lui fait découvrir les auteurs russes; tous deux écrivent alors des nouvelles, la première de A.I. Bezzerides, "Passage into Eternity" est publiée en 1935 dans "Story Magazine". Trois de ses nouvelles qu'il situe à Fresno pendant les années 30 seront choisies des années plus tard (mais quelle année ?) pour paraître dans une anthologie "Forgotten bread: Armenian American Writers of the first generation".

En 1938, le premier roman d' A.I. Bezzerides est publié, seules les initiales de son prénom apparaîtront désormais sur les couvertures, "The long haul", (La longue route) un roman noir qui raconte son expérience de la route, de la vie des camionneurs dans les années 30, des hommes décidés à faire fortune dans le commerce des fruits et légumes. Le succès du roman lui ouvre alors les portes d'un monde nouveau: le cinéma, Hollywood... Il travaille toujours comme ingénieur dans les communications au département "Water and Power" de la ville de Los Angeles quand la "Warner Bros" vient lui proposer 2000 dollars pour l'adaptation cinématographique de "The long haul", plus un contrat de 300 dollars par semaine pendant sept ans pour écrire des scénarios. Bezzerides ne tardera pas à comprendre qu'il a signé là la perte de son indépendance, mais que lui importe, il est payé pour écrire et ça lui convient même s'il se rend compte assez rapidement que les producteurs de cinéma ne sont pas forcément des gens honnêtes.

Déjà avec "The long haul", il apprend, une fois le contrat signé, que le script est prêt depuis longtemps, qu'il ne l'écrira pas lui-même et toute sa vie sera ainsi jalonnée de traîtrises, mais cet homme généreux de caractère laissera faire et deviendra l'un des plus grands scénaristes de son temps.

"They drive by night", ("Une femme dangereuse") le film tiré de son roman, réalisé par Raoul Walsh, dans lequel jouent Humphrey Bogart et George Raft marque à jamais le cinéma américain, et A.I. Bezzerides va écrire, entre 1942 et 1959, quelques scénarios qui donnent naissance à des films culte. Sa collaboration avec la "Warner Bros" est marquée par une rencontre fabuleuse pour le jeune auteur: il fait la connaissance de William Faulkner, que la compagnie rétribue aussi pour écrire des scénarios, ils deviennent amis et le resteront jusqu'à la mort. Un ami parfois difficile à supporter, qui s'impose jusque dans la vie familiale de "Buzz" (le surnom de Bezzerides) qui le sort bien souvent de situations difficiles dans lesquelles la boisson fait sombrer Faulkner.

En 1942, alors que Bezzerides achève le scénario de "Juke girl", il fait paraître son second roman: "There is a happy land", qui ne semble pas avoir autant de succès, peut-être pas assez noir, trop d'humour ?... trop humain ?. En fait dans la courte bibliographie de l'auteur, on ne retient que le premier et le troisième roman publié en 1949 "Thieve's Market",(Le marché aux voleurs) que Jules Dassin réalise sur une adaptation de Bezzerides lui-même, produit par la "Century Fox", sous le titre "Thieves Higway" ("Les bas-fonds de Frisco").

A.I. Bezzerides libéré de son contrat avec la Warner va alors travailler pour la télévision, co-signant des feuilletons célèbres comme "Bonanza", "Runhide", "The Virginian", le western est alors à la mode; il écrit le célèbre feuilleton "The big Valley" dans lequel joue la merveilleuse Barbara Stanwyck... Autant de films ou feuilletons qui restent gravés dans les mémoires, même si on n'y associe pas forcément le nom du scénariste. Un seul de ses scénarios écrit en free-lance pour Robert Aldrich laissera cependant sa marque: "Kiss me deadly" (1955) est, par-delà la polémique que Bezzerides aurait un peu trop librement adapté le roman de Spillane, le film noir par excellence dont les réalisateurs français comme Truffaut ou Godard subiront l'influence.

Auteur célèbre pour avoir écrit des histoires très dures, très violentes, avec des personnages tout aussi violents et auto-destructeurs, A.I. Bezzerides laisse l'image d'un homme d'une immense gentillesse, d'une grande générosité envers tous ceux qui se trouvaient dans le besoin, les gens comme les animaux d'ailleurs. Il décède en 2007, à Woodland Hills, loin des studios et des producteurs, retiré dans une maison où il accumule un tas d'objets à réparer, des chats et des chiens égarés, il semble qu'il s'était remis à l'écriture de ce qui aurait été son quatrième roman... En 2005, Fay Efrosini Lellios signe un documentaire sur la vie de l'auteur: "The long haul of A.I. Bezzerides", puis en 2006, c'est Spiro N. Taraviras, réalisateur grec qui lui consacre un documentaire: "Buzz", dans les deux films, I.A Bezzerides fait une courte apparition, histoire de montrer qu'il est toujours bien vivant...

En France, il faut attendre 1996 pour découvrir, grâce aux Éditions Gallimard, le premier roman de A.I. Bezzerides qui est en fait le troisième écrit: Le marché aux voleurs, publié dans la Collection La Noire (Je n'ai pas trouvé trace de plus ancienne publication ?) suivi en 2001, de La longue route: deux ouvrages "de poids" dans la Littérature noire américaine.

(Sources: Wikipedia / Éd. Gallimard /articles.latimes. )

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