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28 février 2009

Maigret à l'école

de Georges Simenon

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Il y a des images qu'on enregistre inconsciemment, avec la minutie d'un appareil photographique, et il arrive que, plus tard, quand on les retrouve dans sa mémoire, on se creuse la tête pour savoir où on les a vues.

Maigret ne se rendait plus compte, après tant d'années, qu'en arrivant, toujours un peu essoufflé, au sommet de l'escalier dur et poussiéreux de la P. J. il marquait un léger temps d'arrêt et que, machinalement, son regard allait vers la cage vitrée qui servait de salle d'attente et que certains appelaient l'aquarium, d'autres le Purgatoire.

Peut-être en faisaient-ils tous autant et était-ce devenu une sorte de tic professionnel ? Même quand, comme ce matin-là, un soleil clair et léger, qui avait la gaieté du muguet, brillait sur Paris et faisait briller les pots roses des cheminées sur les toits, une lampe restait allumée toute la journée dans le Purgatoire, qui n'avait pas de fenêtre et ne recevait le jour que de l'immense corridor.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1954)

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28 février 2009

Maigret et la jeune morte

de Georges Simenon

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Maigret bâilla, poussa les papiers vers le bout du bureau.

– Signez ça, les enfants, et vous pourrez aller vous coucher.

Les « enfants » étaient probablement les trois gaillards les plus durs à cuire qui fussent passés par la P. J. depuis un an. L’un d’eux, celui qu’on appelait Dédé, avait l’aspect d’un gorille, et le plus fluet, qui avait un œil au beurre noir, aurait pu gagner sa vie comme lutteur forain.

Janvier leur passait les papiers, une plume, et, maintenant qu’ils venaient enfin de lâcher le morceau, ils ne se donnaient plus la peine de discuter, ne lisaient même pas le procès-verbal de leur interrogatoire, et signaient d’un air dégoûté.

L’horloge de marbre marquait trois heures et quelques minutes et la plupart des bureaux du Quai des Orfèvres étaient plongés dans l’obscurité. Depuis longtemps, on n’entendait plus d’autre bruit qu’un lointain klaxon ou les freins d’un taxi qui dérapait sur le pavé mouillé. Au moment de leur arrivée, la veille, les bureaux étaient déserts aussi, parce qu’il n’était pas neuf heures du matin et que le personnel n’était pas encore là.

Il pleuvait déjà, de cette pluie fine et mélancolique qui tombait toujours.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1954)

28 février 2009

La nuit du carrefour

de Georges Simenon

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Quand Maigret, avec un soupir de lassitude, écarta sa chaise du bureau auquel il était accoudé, il y avait exactement dix-sept heures que durait l’interrogatoire de Carl Andersen.

On avait vu tour à tour, par les fenêtres sans rideaux, la foule des midinettes et des employés prendre d’assaut, à l’heure de midi, les crémeries de la place Saint-Michel, puis l’animation faiblir, la ruée de six heures vers les métros et les gares, la flânerie de l’apéritif…

La Seine s’était enveloppée de buée. Un dernier remorqueur était passé, avec feux verts et rouges, traînant trois péniches. Dernier autobus. Dernier métro. Le cinéma dont on fermait les grilles après avoir rentré les panneaux-réclame…

Et le poêle qui semblait ronfler plus fort dans le bureau de Maigret. Sur la table, il y avait des demis vides, des restes de sandwiches.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1931)

28 février 2009

Maigret et les braves gens

de Georges Simenon

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Au lieu de grogner en cherchant l’appareil à tâtons dans l’obscurité comme il en avait l’habitude quand le téléphone sonnait au milieu de la nuit, Maigret poussa un soupir de soulagement.

Déjà il ne se souvenait plus nettement du rêve auquel il était arraché, mais il savait que c’était un rêve désagréable : il tentait d’expliquer à quelqu’un d’important, dont il ne voyait pas le visage et qui était très mécontent de lui, que ce n’était pas sa faute, qu’il fallait montrer de la patience à son égard, quelques jours de patience seulement, parce qu’il avait perdu l’habitude et qu’il se sentait mou, mal dans sa peau.

Qu’on lui fasse confiance et ce ne serait pas long. Surtout, qu’on ne le regarde pas d’un air réprobateur ou ironique…

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1962)

28 février 2009

Les gens d'en face

de Georges Simenon

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– Comment ? vous avez du pain blanc !

Les deux Persans entraient dans le salon, le consul et sa femme, et c’était celle-ci qui s’extasiait devant la table couverte de sandwiches joliment arrangés. Or, il n’y avait pas une minute qu’on disait à Adil bey :

– Il n’existe que trois consulats à Batum: le vôtre, celui de Perse et le nôtre. Mais les Persans sont infréquentables.

C’était Mme Pendelli qui parlait ainsi, la femme du consul d’Italie, et celui-ci, affalé dans un fauteuil, fumait une mince cigarette à bout rose. Les deux femmes se rejoignirent en souriant au milieu du salon au moment précis où des sons, qui n’avaient été jusque-là qu’une rumeur vague dans la ville ensoleillée, s’amplifiaient et soudain, au coin de la rue, éclataient en fanfare.

Alors tout le monde gagna la véranda pour regarder le cortège.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1933)

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28 février 2009

Le fou de Bergerac

de Georges Simenon

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Hasard sur toute la ligne ! La veille, Maigret ne savait pas qu’il allait entreprendre un voyage. C’était pourtant la saison où Paris commençait à lui peser: un mois de mars épicé d’un avant-goût de printemps, avec un soleil clair, pointu, déjà tiède.

Mme Maigret était en Alsace pour une quinzaine de jours, auprès de sa sœur qui attendait un bébé. Or, le mercredi matin, le commissaire recevait une lettre d’un collègue de la Police Judiciaire qui avait pris sa retraite deux ans plus tôt et qui s’était installé en Dordogne.

… Surtout, si un bon vent t’amène dans la région, ne manque pas de venir passer quelques jours chez moi. J’ai une vieille servante qui n’est contente que quand il y a du monde à la maison. Et la saison du saumon commence…

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Liberty bar

de Georges Simenon

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Cela commença par une sensation de vacances. Quand Maigret descendit du train, la moitié de la gare d’Antibes était baignée d’un soleil si lumineux qu’on n’y voyait les gens s’agiter que comme des ombres. Des ombres portant chapeau de paille, pantalon blanc, raquette de tennis. L’air bourdonnait. Il y avait des palmiers, des cactus en bordure du quai, un pan de mer bleue au-delà de la lampisterie.

Et tout de suite quelqu’un se précipita.

_ Le commissaire Maigret, je pense ? Je vous reconnais grâce à une photo qui a paru dans les journaux…

Inspecteur Boutigues… Boutigues ! Rien que ce nom-là avait l’air d’une farce ! Boutigues portait déjà les valises de Maigret, l’entraînait vers le souterrain. Il avait un complet gris perle, un œillet rouge à la boutonnière, des souliers à tiges de drap.

_ C’est la première fois que vous venez à Antibes ?

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

L'ombre chinoise

de Georges Simenon

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Il était dix heures du soir. Les grilles du square étaient fermées, la place des Vosges déserte, avec les pistes luisantes des voitures tracées sur l’asphalte et le chant continu des fontaines, les arbres sans feuilles et la découpe monotone sur le ciel des toits tous pareils.

Sous les arcades, qui font une ceinture prodigieuse à la place, peu de lumières. À peine trois ou quatre boutiques. Le commissaire Maigret vit une famille qui mangeait dans l’une d’elles, encombrée de couronnes mortuaires en perles. Il essayait de lire les numéros au-dessus des portes, mais à peine avait-il dépassé la boutique aux couronnes qu’une petite personne sortit de l’ombre.

_ C’est à vous que je viens de téléphoner ?

Il devait y avoir longtemps qu’elle guettait. Malgré le froid de novembre, elle n’avait pas passé de manteau sur son tablier. Son nez était rouge, ses yeux inquiets...

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Les volets verts

de Georges Simenon

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C'était curieux : l'obscurité qui l'entourait n'était pas l'obscurité immobile, immatérielle, négative, à laquelle on est habitué. Elle lui rappelait plutôt l'obscurité presque palpable de certains de ses cauchemars d'enfant, une obscurité méchante qui, certaines nuits, l'attaquait par vagues ou essayait de l'étouffer.

  _ Vous pouvez vous détendre.

Mais il ne pouvait pas encore remuer. Respirer seulement, ce qui était déjà un soulagement. Son dos était appuyé à une cloison lisse dont il n'aurait pu déterminer la matière et, contre sa poitrine nue, pesait l'écran dont la luminosité permettait de deviner le visage du docteur.

Peut-être était-ce à cause de cette lueur que l'obscurité environnante semblait faite de nuages mous et enveloppants ? Pourquoi l'obligeait-on à rester si longtemps dans une pose inconfortable, sans rien lui dire ?

Tout à l'heure, sur le divan de cuir noir, dans le cabinet de consultation, il gardait sa liberté d'esprit, parlait de sa vraie voix, sa grosse voix bourrue de la scène et de la ville, s'amusait à observer Biguet, le fameux Biguet qui avait soigné et soignait encore la plupart des personnages illustres.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1950)

28 février 2009

L'homme de Londres

de Georges Simenon

l_homme_de_Londres

Au moment même, on les prend pour des heures comme les autres et après coup seulement, on s’aperçoit que c’étaient des heures exceptionnelles, on s’acharne à en reconstituer le fil perdu, à en remettre bout à bout les minutes éparses.

Pourquoi, ce soir-là, Maloin était-il parti de chez lui de mauvaise humeur ? On avait dîné à sept heures, comme d’habitude. Il y avait des harengs grillés, puisque c’était la saison. Ernest, le gamin, avait mangé proprement....

Maintenant, Maloin se souvenait que sa femme avait dit : Henriette est venue tout à l’heure. Encore ! Ce n’est pas parce que sa fille était bonne à tout faire dans la même ville, presque dans le même quartier, qu’elle devait accourir chez elle sous tous les prétextes. Sans compter que c’était toujours pour se plaindre. M. Laîné avait dit ceci, ou Mme Laîné avait dit cela. Il se pourrait que la place soit libre chez le pharmacien, où c’est tout de même plus propre que chez un boucher....

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1934)

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