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28 février 2009

La guinguette à deux sous

de Georges Simenon

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Une fin d’après-midi radieuse. Un soleil presque sirupeux dans les rues paisibles de la Rive Gauche. Et partout, sur les visages, dans les mille bruits familiers de la rue, de la joie de vivre. Il y a des jours ainsi, où l’existence est moins quotidienne et où les passants, sur les trottoirs, les tramways et les autos semblent jouer leur rôle dans une féerie. C’était le 27 juin.

Quand Maigret arriva à la poterne de la Santé, le factionnaire attendri regardait un petit chat blanc qui jouait avec le chien de la crémière. Il doit y avoir des jours aussi où les pavés sont plus sonores. Les pas de Maigret résonnèrent dans la cour immense. Au bout d’un couloir, il interrogea un gardien.

– Il a appris ?…

– Pas encore.

Un tour de clef. Un verrou. Une cellule très haute, très propre, et un homme qui se levait tandis que son visage semblait chercher une expression.

– Ça va, Lenoir ? questionna le commissaire.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1931)

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28 février 2009

Un crime en Hollande

de Georges Simenon

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Quand Maigret arriva à Delfzijl, une après-midi de mai, il n’avait sur l’affaire qui l’appelait dans cette petite ville plantée à l’extrême nord de la Hollande que des notions élémentaires.

Un certain Jean Duclos, professeur à l’université de Nancy, faisait une tournée de conférences dans les pays du Nord. À Delfzijl, il était l’hôte d’un professeur à l’École navale, M. Popinga. Or, M. Popinga était assassiné et, si l’on n’accusait pas formellement le professeur français, on le priait néanmoins de ne pas quitter la ville et de se tenir à la disposition des autorités néerlandaises. C’était tout, ou à peu près.

Jean Duclos avait alerté l’université de Nancy, qui avait obtenu qu’un membre de la Police Judiciaire fût envoyé en mission à Delfzijl. La tâche incombait à Maigret. Tâche plus officieuse qu’officielle et qu’il avait rendue moins officielle encore en omettant d’avertir ses collègues hollandais de son arrivée. Par les soins de Jean Duclos, il avait reçu un rapport assez confus, suivi d’une liste des noms de ceux qui étaient mêlés de près ou de loin à cette histoire.

Ce fut cette liste qu’il consulta un peu avant d’arriver en gare de Delfzijl.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

-

Édition originale: Éd. Fayard (1931)

28 février 2009

Les 13 mystères

de Georges Simenon

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Joseph Leborgne compulsa quelques dossiers, choisit presque au hasard une chemise qu’il me tendit. Sur cette chemise, il s’était contenté de coller des mots découpés dans un journal, où ils avaient constitué un titre en caractères gras : L’affaire Lefrançois.

– Une affaire pour débutant ! me dit-il. Je parie qu’après cinq minutes vous claironnez la solution.

Et il ne s’occupa plus de moi. Il alla s’asseoir dans un fauteuil, devant le radiateur électrique, et il tira à lui un guéridon sur lequel était posé un pot de confiture chinoise. La plus mauvaise plaisanterie jouée à Joseph Leborgne avait été de l’appeler ainsi, car il portait son nom aussi mal que possible. C’était un homme de trente-cinq ans environ, plutôt petit et mince, extrêmement soigné. Il avait horreur des complications de la vie au point qu’il s’obstinait, étant célibataire, à vivre à l’hôtel, où il se faisait le plus souvent servir ses repas dans sa chambre.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Les 13 énigmes

de Georges Simenon

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Place Saint-Georges, une voiture rouge, de la série G.7, s’arrêta à quelques mètres de nous et une jeune femme en sortit vivement, tout emmitouflée de fourrures. Elle tendit un billet au chauffeur et s’en alla sans attendre la monnaie.

– Prenez-le, dis-je, en désignant le taxi à mon compagnon.

– Du tout ! Prenez-le, vous !

– J’habite à deux pas d’ici…

– Qu’importe ! Je vous en prie…

Je cédai.Je lui tendis la main, bien que nous ne nous connussions que de fraîche date. Il me présenta sa main gauche, car, de toute la soirée, sa main droite était restée enfouie dans la poche de son veston. Et l’instant d’après, j’étais sur le point de le rappeler. Car je tombais brusquement en plein drame, en plein mystère.

Dans la voiture où je m’étais engouffré, je heurtais quelque chose. J’avançais la main et je m’apercevais que c’était un corps humain.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

L'âne rouge

de Georges Simenon

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Un navire qui descendait la Loire lança deux coups de sirène pour annoncer qu’il évoluait sur tribord et le cargo qui montait répondit par deux coups lointains qu’il était d’accord. Au même moment le marchand de poisson passait dans la rue en criant et en poussant sa charrette qui sautait sur les pavés.

Avant d’ouvrir les yeux, Jean Cholet eut encore une autre sensation: celle d’un vide ou d’un changement. Ce qui manquait, c’était le crépitement de la pluie sur le zinc du toit voisin, qui avait accompagné son sommeil pendant la plus grande partie de la nuit. Maintenant, il y avait du soleil. Il en avait plein les paupières closes. Il était tard, au moins huit heures et demie, puisque le marchand de poisson passait déjà. Cholet ne l’entendait de son lit que quand il était malade et qu’il n’allait pas au journal.

Il se dressa soudain, ouvrit les yeux. La mémoire lui revenait en partie. Ce matin-là n’était pas un matin comme les autres et il y aurait des heures désagréables à passer, en dépit du soleil oblique qui empourprait les fleurs roses du papier peint. Rien que le geste de se lever lui donna mal au cœur et, lorsqu’il fut debout sur la carpette, il hésita à se recoucher tant il avait la tête vide.

Il avait été ivre et il en gardait un mélange de déséquilibre et d’écœurement, avec une pointe inattendue d’allégresse.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1933)

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28 février 2009

L'écluse n°1

de Georges Simenon

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Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis d’un frémissement de nageoires aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.

C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier « Bastille-Créteil », traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette et le convoi fonça vers Charenton.

Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. À droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour. Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1933)

28 février 2009

Le petit saint

de Georges Simenon

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Il avait entre quatre et cinq ans lorsque le monde commença à vivre autour de lui, lorsqu’il prit conscience d’une vraie scène se jouant entre des êtres humains qu’il était capable de distinguer les uns des autres, de situer dans l’espace, dans un décor déterminé.

Il n’aurait pas pu préciser, plus tard, si c’était en été ou en hiver, bien qu’il eût déjà le sens des saisons. Probablement en automne, car une légère buée ternissait la fenêtre sans rideau et la lumière du bec de gaz d’en face, seule à éclairer la chambre, jaunâtre, semblait humide. Avait-il dormi ? Son corps était chaud sous la couverture. Aucun bruit particulier ne l’avait éveillé en sursaut.

Il avait seulement entendu, derrière le rideau, qui n’était qu’un vieux drap de lit suspendu à une tringle, un halètement familier, entrecoupé de gémissements, avec parfois le grincement des ressorts du lit. C’était sa mère qui couchait dans ce lit, presque toujours avec quelqu’un.

Puis, du même côté que lui du drap tenant lieu de cloison, il y avait Vladimir, ensuite Alice, ensuite les jumeaux, lui-même, chacun sur sa paillasse, et, contre le mur, le bébé dans son lit-cage.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1965)

28 février 2009

Maigret s'amuse

de Georges Simenon

maigret_s_amuse

Le petit vieux à barbichette sortait à nouveau de l’ombre de l’entrepôt, à reculons, regardait à gauche et à droite, avec un geste des deux mains comme pour attirer vers lui le lourd camion dont il dirigeait la manœuvre. Ses mains disaient:

– Un peu à droite… Là… Tout droit… Doucement…  À gauche… maintenant… Braquez…

Et le camion, en marche arrière aussi, traversait maladroitement le trottoir, s’engageait dans la rue où le petit vieux, maintenant, faisait signe aux voitures de s’arrêter un instant.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1957)

28 février 2009

Maigret se défend

de Georges Simenon

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- Dites donc, Maigret…

Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard, mais qui, sur le moment, ne l’avait pas frappé. Tout était familier: le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu’on n’y prêtait plus attention.

Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l’habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois. Et, une fois par mois, le docteur et sa femme venaient dîner chez le commissaire.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1964)

28 février 2009

Maigret et le voleur paresseux

de Georges Simenon

maigret_et_le_voleur_paresseux

Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l’air en dehors des draps. Il avait conscience d’être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l’obscurité sans rien oser dire.

Sur quoi il se trompait – pendant quelques secondes tout au moins – c’était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux. Et c’était toujours en hiver, par temps très froid, qu’il se trompait de la sorte.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1961)

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