Jusque là, tout allait bien...
«Si j’ai bien compris : un, j’ai un grand-père qui m’a surveillé à mon insu toute ma vie et qui vient de clamser. Deux, j’ai une frangine, une jumelle qui crèche près de Paris. Trois, je viens d’hériter d’un demi-million de francs. Quatre, pour toucher mon blé, il faut que je mette la main sur la jumelle.»
Voilà ce que se dit Jef en regardant d’un œil vide, la bouteille étoilée aux deux tiers vide. On ne peut être tranquille nulle part, clame-t-il enfin à l’adresse de quelques passants qui feignent ne pas l’entendre, ne pas le voir. Jef s’en fout, d’ailleurs. Il vit peinard sur les bords de l’Isère, à deux pas du coeur de Grenoble depuis un bail et les «autres », sauf lorsqu’ils laissent tomber quelque cent dans la paume sale de sa main tendue, il les voit à peine également.
SDF, poivrot impénitent, il se la coule douce et ne se soucie pas du reste du monde qui le lui rend bien. Tout baigne jusqu’au jour où deux vieux en costume débarquent dans sa vie. Associés de son grand-père dans les FTP de la main-d'oeuvre immigrée sous l’Occupation, les deux anciens maquisards sèment le doute dans la vie calamiteuse de Jef.
Sa vie va dès lors prendre un tournant dont il se serait bien passé, et qu’il aura du mal à négocier...
Éditions du POLAR