Coulez le Kashii Maru !
de André Caroff
Ils tournaient le dos à la mer, sursautèrent quand la mitrailleuse de 12,7 se déchaîna. Les rafales miaulantes passèrent au-dessus d'eux, et le vacarme des détonations étouffa le son mat des projectiles crevant les chairs et perforant les tôles. Pendant trente secondes, l'enfer s'installa sur la plage, puis le silence retomba, irréel, seulement troublé par le glougloutement de l'essence échappant du réservoir percé de la jeep, et par le chuintement à peine audible du moteur « Seaguli » de la vedette.
Elle se balançait à moins de dix mètres du rivage, énorme et noire, menaçante et furtive, hérissée de mitrailleuses et d'un canon léger à tir rapide.
— Alors, 444 ! C'est pour quand ? hurla une voix sèche. À moins que vous n' ayez peur de vous mouiller les pieds ?
Bonder et Natacha se secouèrent, incrédules.
— Nom de Dieu ! Grouillez-vous ! Des camions radinent à toute pompe de Havane, et trois garde-côtes cinglent sur nous !
Bonder souleva son prisonnier, entra dans l'eau en suivant Natacha…
Éditions FLEUVE NOIR