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22 février 2014

La Bâtonnière de Nîmes

de Jean-Pierre Cabanes

la batonniere de nimes

J'ai aimé la Bâtonnière de Nîmes, cette femme orgueilleuse, hiératique et belle que nous avions élue à la tête des avocats. je l'ai aimée violemment, en dépit ou à cause de nos ruptures; de cette férocité légère qui l'accompagnait. Elle fréquentait ces audiences feutrées où l'on plaide entre gens de bonne compagnie des procès distingués. Sur les bancs poisseux de la justice pénale, je défendais à coup de plaidoiries rageuses et irrévérentielles les trafiquants, les proxénètes et les assassins.

Dans son hôtel du quai de la Fontaine, le député-maire et le procureur général s'inclinaient vers les bagues et les bracelets de la Bâtonnière. Ses autres invités faisaient la queue en échangeant des perfidies sur fond de piano. Nous n'étions pas, elle et moi, du même monde.

Souvent, j'ai fouillé Nîmes à sa recherche: l'Impérator, le Golf-Club de Campagne; tous ces lieux où elle régnait encore et qui disait-on, lui ressemblaient.

C'était ignorer ce jardin abrupt et pâle où elle échangeait des souvenirs avec ses fantômes. C'était ne rien savoir de ses fureurs, de ses chagrins, de ses secrets.

Tout ceci se passait pendant "l'affaire Costa"; ce dossier sanglant qui avait fait de Nîmes, la vedette médiatique du fait-divers. Nous nous affrontions, avocat contre avocat, amant contre amant, épée contre épée.

Je subissais la haine minutieuse du juge d'instruction; elle était en proie aux menaces de "mémée Touzou", cette gitane à demi-folle qu'étrangement, elle semblait connaître. Les vrais dangers étaient ailleurs.

Le jour du procès, parmi les ors et les solennités de la Cour d'Assises, la vérité m'a sauté au visage.

Éditions LACOUR

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