À l'angle des rues parallèles
de Gary Victor
À la sortie sud de la ville, dans une zone baptisée par la milice populaire Kosovo, en raison de la violence qui y régnait, la circulation s'immobilisa à nouveau. Un jeune homme s'approcha de ma portière, ouvrit les bras en croix et, l'air grave, me lança: « Respect pour toi, citoyen. »
Comme je ne lui prêtai pas attention, il insista: « Respect pour toi, citoyen. »
Mataro me souffla, visiblement apeuré: « - Il faut lui donner du fric. C'est ainsi dans ce quartier. La formule: "Respect pour toi, citoyen" est une manière élégante de vous faire comprendre qu'on est rançonné. Si vous ne payez pas, on ne vous tue pas, mais vous recevez une balle à la jambe ou à l'épaule pour l'exemple, du moins, la première fois.
- Et tout le monde casque, m'étonnai-je.
- Bien sûr »,
Je fourrai ma main dans ma poche. Le délinquant sourit, enleva sa casquette et me la tendit, renversée, de sa main gauche. « Respect pour toi, citoyen », lui dis-je à mon tour. Je l'abattis d'une balle en plein coeur. La violence de l'impact le projeta hors de la rue, sur l'étalage des commerçants occupant le trottoir.
Ce fut la panique dans la zone.
Éditions VENTS D'AILLEURS