de John Le Carré
« Enfant » de la guerre froide - âge d'or du roman d'espionnage dont il est rapidement devenu un des maîtres -, John le Carré s’est toujours servi de la fiction pour anticiper sur la géopolitique. Maintenant que le rideau de fer est tombé, il se transforme en champion de l’antimondialisation.
Après avoir tiré à boulets rouges sur le lobby pharmaceutique qui se sucre en Afrique, c’est aujourd’hui l’administration Bush qu’il plonge dans un bain d’acide. Car de brain drain à brain wash, il n’y a qu’un pas...
Une amitié absolue réitère ses piques contre le cynisme triomphant, l’avidité aveugle et la constante démonstration de force de la pétro-mafia Bush, qui joue au gendarme du monde en procédant à un odieux chantage moral (l’«axe du mal») pour distribuer les bons points à ses valets Blair, Aznar & Co. Une harde de charognards prêts à tous les mensonges, à toutes les « armes de destruction magique », pour assouvir leur soif de pétrole et leur masochisme consumériste.
Éditions du SEUIL
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Poursuivant dans la veine du « roman d’investigation », jouant l'ambiguïté entre le vrai et le faux, Le Carré renoue ici avec ses premières amours en nous narrant, mine de rien, le lent montage d’une opération d’agent double, pour mieux sonner le glas de l’espionnage à l’ancienne et des valeurs surannées qui structuraient l’univers des agents secrets: après le 11 septembre, le monde ignore tout code de l’honneur et les « justes causes » n’y ont plus cours quand l’Amérique de Bush fait subir à tous la marche forcée de son autocélébration triomphaliste et hégémonique.
Page à page, avec passion et colère, l’auteur démonte le mécanisme des collusions entre sphère politique et sphère commerciale et dénonce la dérive droitière du monde, la marche forcée vers une mondialisation inhumaine. Ce qui se termine dans une rare violence...
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