In vino veritas... la vérité se trouve dans le vin.
Une jeune fille a disparu, des familles se déchirent, le désir et la jalousie fermentent. Un invité venu goûter le vin en Beaujolais se fait enquêteur et s'enfonce dans des profondeurs plus inquiétantes encore que la cave de son hôte.
Le voici à la recherche de cette vendangeuse disparue. Et si tout était faux ?
Si les signes étaient trompeurs et masquaient un tout autre mystère ?
Grand Prix du roman policier "Sang d'Encre", Vienne (1997)
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" Claude Amoz excelle à créer le malaise, la tension fiévreuse, les situations en porte-à-faux, l'ambiguïté moite et poisseuse. Jusqu'à les faire sentir de manière quasi physique à ses lecteurs.
La plume apparemment neutre mais terriblement aiguë, l'auteur creuse là où ça fait mal, dans les blessures originelles et les cimetières de la mémoire, orchestrant avec une remarquable perversité, une impressionnante valse des douleurs inconsolables et des désirs jamais comblés. (...) le lecteur est tenu jusqu'au bout par l'intelligence du regard, la qualité de l'écriture et, bien entendu, par l'énigme elle-même, une construction à rebondissements, une cascade de révélations qui débouchent sur des vérités intimes parfaitement déstabilisantes." - Michel Abescat, "Le Monde" -
Une jeune provinciale qui se fait appeler Judith, parce que ce prénom biblique est celui d'une héroïne fière, monte à Paris pour retrouver la trace de son grand-père, un homme dont l'existence semble avoir été occultée par la famille contre toute attente.
Ce dernier a fini par se manifester. « Nous arracherons les masques » a-t-il écrit à Judith dans les annonces de Libération.
Plusieurs personnes croient avoir décrypté ce message: Hopenot, commissaire hanté par ses démons, Védèche, avocat mondain et cynique, Vasserand - Katz, historien de l'occupation, confrontés à la recherche de la vérité.
Les acteurs de ce drame s'aperçoivent que les anciens crimes expliquent les crimes du présent.
Jonas, SDF, s'abrutit le soir à la "Baleine Rose", on dirait du Kir, c'est très facile à préparer: tu achètes du sirop calmant, le plus fort, celui qui est parfumé à la framboise, tu en vides un flacon dans une bouteille de vin blanc. Une recette économique - abrutissement garanti, sommeil de plomb. Un sommeil si pesant qu'il n'a rien entendu cette nuit.
Pourtant, il dormait à quelques mètres de Gégène. S'il s'était réveillé, peut-être qu'il aurait pu.. Qu'il aurait pu quoi ? Éviter que les tueurs ne l'aspergent d'essence et en fassent une torche humaine ? Dans l'état où il est... Impossible. Se faire tuer avec lui ? Plus probable...
C'est pourquoi Jonas reste à traîner du côté du centre d'accueil. Mais les choses ont l'air bizarre, là-bas. Un patron très "people" devant les caméras et dont on murmure qu'il s'en mettrait plein les fouilles...
D'ailleurs une SDF, qui ne cessait de le dire, a été expulsée du foyer et on ne la voit plus depuis... Au foyer, il y a aussi Jean-François, l'animateur plein d'empathie, ce qui ne lui fait guère de mal. Plus loin sa soeur, Odile, vétérinaire, qui va croiser le chemin de Jonas par le biais d'une chienne à trois pattes étrangement brûlée elle aussi...
Les Roches Sourdes, une bâtisse vétuste et lugubre, située au bord d'une tourbière. De la bruyère et des ajoncs, quelques arbres rabougris, une lande humide, immobile et blafarde. Cinq vieillards de l'hospice s'y installent pour une semaine de vacances.
Christophe, un des accompagnateurs bénévoles, est déjà venu, adolescent, aux Roches Sourdes. Sa mère aussi, pendant la guerre, quand le bâtiment abritait un orphelinat.
Les tensions s'exacerbent. D'autant que la tourbe, cette boue noire et gluante qui a la propriété de conserver à l'abri de l'air et de la lumière, à l'abri de la vie, tout ce qu'elle englouti, ne va pas tarder à rejeter un corps.
Celui-ci se déroule dans l'Argonne où les souvenirs de la Grande Guerre sont toujours présents... Un notaire respectable vit dans sa maison de Bois-Brûlé avec sa belle amie artiste et son petit garçon, très influencé par les jeux vidéo violents. Une jeune fille complexée par son poids le garde en période de vacances. Il y a aussi le père sénile du notaire.
Les personnages sont en place pour l'arrivée d'un inconnu au mental très troublé... Chacun réagira selon ses anciennes blessures et sa sensibilité.
Anne-Marie Ozanam est née à Lyon en 1955. Agrégée de Grec et de Latin, elle obtient le "Grand Prix du roman policier Sang d'Encre" pour Le caveau et le prix "Polar dans la ville" pour Dans la tourbe, qui confirment de manière éclatante le talent de l'auteur pour mettre en scène «ces fêlures intimes, ces blessures originelles, tapies au fonddes êtres. »
(Soulignons que l'auteure utilise un pseudonyme androgyne, afin que ses livres ne soient pas catalogués de polars "féminins").
En 2003, son roman Bois-Brulé publié aux Éditions Rivages l'année précédente, est récompensé par le "Prix Mystère de la critique"
Convient-il de condamner un général dont la gloire repose sur le message inutile de dizaines de milliers de Poilus et qu'on appelle le Boucher des Hurlus ?
Dans les réjouissances de l'Armistice les adultes timorés n'y songent plus guère. Mais quatre mômes de huit à treize ans, au crâne tondu parce que fils de mutins fusillés en 1917, ne pensent qu'à ça.
Il y a un monumental assassin intouchable qu'il faut juger et exécuter. Et ils s'y mettent.
- Tu ne veux pas te déboutonner, constata le commissaire. Alors, ma petite, gare à toi et à ton bébé ! Le tuyau que tu me refuses, tes « amis » l'obtiendront après t'avoir torturée, défigurée à jamais.
- Je ne sais rien ! répéta Claire en frissonnant.
L'infirmière-chef, indignée, repoussa le policier.
- Sortez ! Ce n'est pas une prison ici, mais une pouponnière ! Faire ça à l'heure de la tétée, c'est une honte.