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28 février 2009

Maigret et les petits cochons sans queue

de Georges Simenon

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Pour le coup de téléphone de sept heures, il n’y avait pas de doute : Marcel l’avait bien donné de son journal. Germaine venait à peine d’arriver au restaurant Franco-Italien, boulevard de Clichy, où ils avaient l’habitude de dîner et où ils se retrouvaient automatiquement quand ils ne s’étaient pas donné rendez-vous ailleurs.

Ils y avaient leur table réservée, près de la fenêtre. Cela faisait partie de leur home. Elle avait eu juste le temps de s’asseoir et de constater qu’il était sept heures moins trois minutes quand Lisette, la petite du vestiaire, qui la regardait d’un air si curieusement ému depuis qu’elle était mariée et qui avait tant de plaisir à l’appeler madame, s’était approchée.

_ Madame Blanc… c’est Monsieur qui vous demande au téléphone… Elle ne disait pas M. Blanc. Elle disait monsieur, et elle prenait un air si complice que c’était un peu comme si ce monsieur eût été leur monsieur à elles deux.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: jÉd. Presses de la Cité (1950)

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28 février 2009

Maigret chez le ministre

de Georges Simenon

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Comme toujours quand il rentrait chez lui le soir, au même endroit du trottoir, un peu après le bec de gaz, Maigret leva la tête vers les fenêtres éclairées de son appartement. Il ne s’en rendait plus compte.

Peut-être, si on lui avait demandé à brûle-pourpoint s’il y avait de la lumière ou non, aurait-il hésité à répondre. De même, par une sorte de manie, entre le second et le troisième étage, commençait-il à déboutonner son pardessus pour prendre la clef dans la poche de son pantalon alors qu’invariablement la porte s’ouvrait dès qu’il posait le pied sur le paillasson.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1955)

28 février 2009

Le pendu de Saint-Pholien

de Georges Simenon

le_pendu_de_saint_phollien

Personne ne s’aperçut de ce qui se passait. Personne ne se douta que c’était un drame qui se jouait dans la salle d’attente de la petite gare où six voyageurs seulement attendaient, l’air morne, dans une odeur de café, de bière et de limonade.

Il était cinq heures de l’après-midi et la nuit tombait. Les lampes avaient été allumées mais, à travers les vitres, on distinguait encore dans la grisaille du quai les fonctionnaires allemands et hollandais, de la douane et du chemin de fer, qui battaient la semelle. Car la gare de Neuschanz est plantée à l’extrême nord de la Hollande, sur la frontière allemande.

Une gare sans importance. Neuschanz est à peine un village. Aucune grande ligne ne passe par là. Il n’y a guère de trains que le matin et le soir, pour les ouvriers allemands qui, attirés par les gros salaires, travaillent dans les usines des Pays-Bas.

Et la même cérémonie se reproduit chaque fois. Le train allemand s’arrête à un bout du quai. Le train hollandais attend à l’autre bout.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1931)

28 février 2009

La danseuse du Gai-Moulin

de Georges Simenon

la_danseuse_du_gai_moulin

– Qui est-ce ?…

– Je ne sais pas ! C’est la première fois qu’il vient, dit Adèle en exhalant la fumée de sa cigarette. Et elle décroisa paresseusement les jambes, tapota ses cheveux sur les tempes, plongea le regard dans un des miroirs tapissant la salle pour s’assurer que son maquillage n’était pas défait. Elle était assise sur une banquette de velours grenat, en face d’une table supportant trois verres de porto. Elle avait un jeune homme à sa gauche, un jeune homme à droite.

– Vous permettez, mes petits ?…

Elle leur adressa un sourire gentil, confidentiel, se leva et, balançant les hanches, traversa la salle pour s’approcher de la table du nouvel arrivant. Les quatre musiciens du jour, sur un signe du patron, ajoutaient leur voix à celle des instruments. Un seul couple dansait : une femme attachée à la maison et le danseur professionnel.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1931)

28 février 2009

Monsieur Gallet, décédé

de Georges Simenon

Monsieur_gallet__decede

La toute première prise de contact entre le commissaire Maigret et la mort, avec qui il allait vivre des semaines durant dans la plus déroutante des intimités, eut lieu le 27 juin 1930 en des circonstances à la fois banales, pénibles et inoubliables.

Inoubliables surtout parce que, depuis une semaine, la Police Judiciaire recevait note sur note annonçant le passage à Paris du roi d’Espagne pour le 27 et rappelant les mesures à prendre en pareil cas. Or, le directeur de la P.J. était à Prague, où il assistait à un congrès de police scientifique. Le sous-directeur avait été appelé dans sa villa de la côte normande par la maladie d’un de ses gosses. Maigret était le plus ancien des commissaires et devait s’occuper de tout, par une chaleur suffocante, avec des effectifs que les vacances réduisaient au strict minimum.

Ce fut encore le 27 juin au petit jour qu’on découvrit, rue Picpus, une mercière assassinée. Bref, à neuf heures du matin, tous les inspecteurs disponibles étaient partis pour la gare du Bois-de-Boulogne, où on attendait le souverain espagnol. Maigret avait fait ouvrir portes et fenêtres et, sous l’action des courants d’air, les portes claquaient, les papiers s’envolaient des tables.

À neuf heures et quelques minutes arrivait un télégramme de Nevers: Émile Gallet, voyageur de commerce, domicilié à Saint-Fargeau, Seine-et-Marne, assassiné nuit du 25 au 26, Hôtel de la Loire à Sancerre. Nombreux détails étranges. Prière prévenir famille pour reconnaissance cadavre. Si possible envoyer inspecteur de Paris.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1931)

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28 février 2009

Le passager du Polarlys

de Georges Simenon

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C’est une maladie qui s’attaque aux bateaux, dans toutes les mers du globe, et dont les causes appartiennent au grand domaine inconnu qu’on appelle le Hasard. Si ses débuts sont parfois bénins, ils ne peuvent échapper à l’œil d’un marin.

Tout à coup, sans raison, un hauban éclate comme une corde de violon et arrache le bras d’un gabier. Ou bien le mousse s’ouvre le pouce en épluchant les pommes de terre et, le lendemain, le « mal blanc » le fait hurler. À moins qu’il ne s’agisse d’une manœuvre loupée, d’un canot qui vienne se jeter étourdiment sur l’étrave.

Ce n’est pas encore le mauvais œil. Le mauvais œil exige la série. Mais il est rare qu’elle ne suive pas, que la nuit, ou le lendemain, on ne constate pas un nouvel avatar. Dès lors, tout va de mal en pis et les hommes, mâchoires serrées, n’ont qu’à compter les coups. C’est le moment que la machine, après avoir tourné trente ans sans une panne, choisira pour s’enrayer comme un vieux moulin à café.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Maigret voyage

de Georges Simenon

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Les affaires les plus empoisonnantes sont celles qui ont l’air si banales au début qu’on ne leur attache pas d’importance. C’est un peu comme ces maladies qui commencent d’une façon sourde, par de vagues malaises. Quand on les prend enfin au sérieux, il est souvent trop tard.

C’était Maigret qui avait dit ça, jadis, à l’inspecteur Janvier, un soir qu’ils s’en revenaient tous les deux par le Pont-Neuf au Quai des Orfèvres. Mais, cette nuit, Maigret ne commentait pas les événements qui se déroulaient, car il dormait profondément, dans son appartement du boulevard Richard-Lenoir à côté de Mme Maigret.

S’il s’était attendu à des embêtements, ce n’est pas à l’hôtel George-V qu’il aurait pensé, un endroit dont on parle plus souvent à la rubrique mondaine des journaux que dans les faits divers, mais à la fille d’un député qu’il avait été obligé de convoquer à son bureau pour lui recommander de ne plus se livrer à certaines excentricités.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1958)

28 février 2009

Les 13 coupables

de Georges Simenon

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Les adversaires étaient de taille l’un et l'autre. Au point qu'au Parquet, l’opinion générale était que le juge d’instruction Froget allait enfin se casser le nez, ce qui n’était pas pour déplaire à tout le monde.

Il était assis devant son bureau, dans une pose qui semblait inconfortable, une épaule plus haute que l'autre, la tête penchée. Comme toujours, il était noir et blanc: le blanc de sa chair, de ses cheveux taillés à la Bressant, et de son linge empesé ; le noir de son complet rigide.

Tel quel, certes, il datait un peu. Maintes fois on s’était demandé s’il n’était pas encore atteint par la limite d’âge, car il y avait un lustre qu’il paraissait soixante ans.

J’ai fréquenté sa maison du Champ-de-Mars et je voudrais me permettre une impression personnelle. Jamais homme ne m’a écrasé davantage, fait douter autant de mon opinion de moi-même que M. Froget. Je lui racontais une histoire. Il me regardait d’un air qui pouvait passer pour encourageant. Je terminais. J’attendais un avis, un commentaire, un sourire.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Le haut mal

de Georges Simenon

le_haut_mal

Le gamin poussa la porte et annonça, en regardant la femme de ménage qui, les mains sanglantes, vidait les lapins:

– La vache est morte.

Son vif regard d’écureuil fouillait la cuisine, à la recherche d’un objet ou d’une idée, de quelque chose à faire, à dire ou à manger et il se balançait sur une jambe tandis que sa sœur, ronde et frisée comme une poupée, arrivait à son tour.

– Allez jouer, prononça Mme Pontreau avec impatience.

– La vache est morte !

– Je le sais.

– Vous ne pouvez pas le savoir, puisqu’elle vient de mourir.

Mme Pontreau se leva, bouscula le gamin.

– Toi aussi, va jouer, cria-t-elle à la petite fille.

Et elle referma la porte, tandis que, dehors, les gosses cherchaient une occupation. Mme Pontreau n’avait pas menti. Elle savait que la vache était morte. Elle était au courant de tout ce qui se passait à la ferme.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1933)

28 février 2009

Le port des brumes

de Georges Simenon

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Quand on avait quitté Paris, vers trois heures, la foule s’agitait encore dans un frileux soleil d’arrière-saison. Puis, vers Mantes, les lampes du compartiment s’étaient allumées. Dès Évreux, tout était noir dehors.

Et maintenant, à travers les vitres où ruisselaient des gouttes de buée, on voyait un épais brouillard qui feutrait d’un halo les lumières de la voie. Bien calé dans son coin, la nuque sur le rebord de la banquette, Maigret, les yeux mi-clos, observait toujours, machinalement, les deux personnages, si différents l’un de l’autre, qu’il avait devant lui.

Le capitaine Joris dormait, la perruque de travers sur son fameux crâne, le complet fripé. Et Julie, les deux mains sur son sac en imitation de crocodile, fixait un point quelconque de l’espace, en essayant de garder, malgré sa fatigue, une attitude réfléchie. Joris ! Julie !

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

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