La java des bouseux
Le Gros prétendait que le père lui devait trois ans et quatre mois de location non payée...
Les loueurs sont tous des impatients et, un matin, j'ai vu débarquer un huissier suivi d'un commissionnaire en logement et de ses adjoints, les flics. Nous avons été virés comme des malpropres. Sans compter la mise en demeure verbale du Gros...
Depuis, Bobby et moi, nous nous étions installés dans une caravane. Nous vivions tranquilles. Lui partait à son travail. Trois fois par semaine, il trouvait un emplacement aux Puces et installait son bizness. Une simple caisse de carton qu'il déployait pour former une table. Avec trois cartes, trois as, deux noirs et un rouge, Papa devenait enseignant. Il apprenait aux illettrés à deviner où se cachait l'as de coeur...
Tout allait pour le mieux. J'étais un travailleur et n'avait donc jamais de vacances puisque je n'allais pas en classe... J'apprenais tout ce qu'un enfant doit savoir: comment tirer un sac de vieille dame pour lui apprendre à veiller sur son bien, démonter un vélo errant trouvé par hasard et pas attaché, planquer un paquet d'herbe que je récupérais plus tard ?
Les dames d'une société, qui s'occupaient de l'avenir de gamins de mon âge ont été stupéfaites lorsqu'elles m'ont interrogé: _ Tu sais vraiment compter ? ...
Éditions LA BRANCHE
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« Le monde des adultes, vu par les yeux d'un enfant, peut se révéler aussi terrifiant qu'absurde, aussi drôle qu' incompréhensible, surtout quand les "grands " sont tout sauf des enfants de choeur.
Et, c'est alors un hommage débridé à Charles Williams ... »
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