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28 février 2009

L'écluse n°1

de Georges Simenon

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Quand on observe des poissons à travers une couche d’eau qui interdit entre eux et nous tout contact, on les voit rester longtemps immobiles, sans raison, puis d’un frémissement de nageoires aller un peu plus loin pour n’y rien faire qu’attendre à nouveau.

C’est dans le même calme, comme sans raison aussi, que le tramway 13, le dernier « Bastille-Créteil », traîna ses lumières jaunâtres tout le long du quai des Carrières. Au coin d’une rue, près d’un bec de gaz vert, il fit mine de s’arrêter, mais le receveur agita sa sonnette et le convoi fonça vers Charenton.

Derrière lui, le quai restait vide et stagnant comme un paysage du fond de l’eau. À droite, des péniches flottaient sur le canal, avec de la lune tout autour. Un filet d’eau se faufilait par une vanne mal fermée de l’écluse, et c’était le seul bruit sous le ciel encore plus quiet et plus profond qu’un lac.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1933)

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28 février 2009

Maigret s'amuse

de Georges Simenon

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Le petit vieux à barbichette sortait à nouveau de l’ombre de l’entrepôt, à reculons, regardait à gauche et à droite, avec un geste des deux mains comme pour attirer vers lui le lourd camion dont il dirigeait la manœuvre. Ses mains disaient:

– Un peu à droite… Là… Tout droit… Doucement…  À gauche… maintenant… Braquez…

Et le camion, en marche arrière aussi, traversait maladroitement le trottoir, s’engageait dans la rue où le petit vieux, maintenant, faisait signe aux voitures de s’arrêter un instant.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1957)

28 février 2009

Maigret se défend

de Georges Simenon

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- Dites donc, Maigret…

Un bout de phrase dont le commissaire se souviendrait plus tard, mais qui, sur le moment, ne l’avait pas frappé. Tout était familier: le décor, les visages, et même les gestes des personnages, si familier qu’on n’y prêtait plus attention.

Cela se passait rue Popincourt, à quelques centaines de mètres du boulevard Richard-Lenoir, chez les Pardon, où les Maigret avaient l’habitude, depuis plusieurs années, de dîner une fois par mois. Et, une fois par mois, le docteur et sa femme venaient dîner chez le commissaire.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1964)

28 février 2009

Maigret et le voleur paresseux

de Georges Simenon

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Il y eut un vacarme pas loin de sa tête et Maigret se mit à remuer, maussade, comme effrayé, un de ses bras battant l’air en dehors des draps. Il avait conscience d’être dans son lit, conscience aussi de la présence de sa femme qui, mieux éveillée que lui, attendait dans l’obscurité sans rien oser dire.

Sur quoi il se trompait – pendant quelques secondes tout au moins – c’était sur la nature de ce bruit insistant, agressif, impérieux. Et c’était toujours en hiver, par temps très froid, qu’il se trompait de la sorte.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1961)

28 février 2009

Maigret

de Georges Simenon

maigret

Avant d’ouvrir les yeux, Maigret fronça les sourcils, comme s’il se fût méfié de cette voix qui venait lui crier tout au fond de son sommeil:

– Mon oncle !…

Les paupières toujours closes, il soupira, tâtonna le drap de lit et comprit qu’il ne rêvait pas, qu’il se passait quelque chose puisque sa main n’avait pas rencontré, là où il eût dû être, le corps chaud de Mme Maigret. Il ouvrit enfin les yeux. La nuit était claire. Mme Maigret, debout près de la fenêtre à petits carreaux, écartait le rideau cependant qu’en bas quelqu’un secouait la porte et que le bruit se répercutait dans toute la maison.

– Mon oncle ! C’est moi…

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1934)

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28 février 2009

La pipe de Maigret

de Georges Simenon

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II était sept heures et demie. Dans le bureau du chef, avec un soupir d’aise et de fatigue à la fois, un soupir de gros homme à la fin d’une chaude journée de juillet, Maigret avait machinalement tiré sa montre de son gousset. Puis il avait tendu la main, ramassé ses dossiers sur le bureau d’acajou.

La porte matelassée s’était refermée derrière lui et il avait traversé l’antichambre. Personne sur les fauteuils rouges. Le vieux garçon de bureau était dans sa cage vitrée. Le couloir de la Police judiciaire était vide, une longue perspective à la fois grise et ensoleillée.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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 Édition originale sous forme de nouvelle qui fait suite à "Maigret se fâche": Éd. Presses de la Cité (1947)

28 février 2009

Un Noël de Maigret

de Georges Simenon

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C’était chaque fois la même chose. Il avait dû soupirer en se couchant :

– Demain, je fais la grasse matinée.

Et Mme Maigret l’avait pris au mot, comme si les années ne lui avaient rien enseigné, comme si elle ne savait pas qu’il ne fallait attacher aucune importance aux phrases qu’il lançait de la sorte.

Elle aurait pu dormir tard, elle aussi. Elle n’avait aucune raison pour se lever de bonne heure.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1951)

28 février 2009

Maigret et les vieillards

de Georges Simenon

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C’était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n’en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l’odeur des souvenirs d’enfance.

Maigret disait un mois de mai de cantique, car cela lui rappelait à la fois sa première communion et son premier printemps de Paris, quand tout était pour lui nouveau et merveilleux. Dans la rue, dans l’autobus, dans son bureau, il lui arrivait de tomber en arrêt, frappé par un son lointain, par une bouffée d’air tiède, par la tache claire d’un corsage qui le reportaient à vingt ou trente ans en arrière.

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Presses de la Cité (1960)

28 février 2009

Chez les Flamands

de Georges Simenon

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Quand Maigret descendit du train, en gare de Givet, la première personne qu'il vit, juste en face de son compartiment, fut Anna Peeters. À croire qu'elle avait prévu qu'il s'arrêterait à cet endroit exactement !

Elle n'en paraissait pas étonnée, ni fière. Elle était telle qu'il l'avait vue à Paris, telle qu'elle devait être toujours, vêtue d'un tailleur gris fer, les pieds chaussés de noir, chapeautée de telle sorte qu'il était impossible de se souvenir ensuite de la forme ou même de la couleur de son chapeau.

Ici, dans le vent qui balayait le quai où n'erraient que quelques voyageurs, elle paraissait plus grande, un peu plus forte. Elle avait le nez rouge et elle tenait à la main un mouchoir roulé en boule.

« J'étais sûre que vous viendriez, monsieur le commissaire... » Était-elle sûre d'elle ou sûre de lui ? Elle ne souriait pas pour l'accueillir. Elle questionnait déjà...

Éditions LE LIVRE DE POCHE

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Édition originale: Éd. Fayard (1932)

28 février 2009

Betty

de Georges Simenon

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Pour fuir la réalité, Betty boit. Ce qui fait dire à l'un de ses amants qu'elle finirait à l'asile. Ou à la morgue...

Lorsque Betty, ivre morte, échoue une nuit au « Trou », chez Mario, amenée là par un client qui l'a cueillie dans un bar des Champs-Elysées, elle vient d'être chassée de chez elle, où elle vivait, dans l'immeuble de sa belle-famille, avec son mari et ses deux enfants. Elle a dû renoncer à tout droit sur ceux-ci, moyennant une rente qui lui sera versée. Tel est le résultat de son inconduite devenue scandaleuse.

Recueillie par l'amie de Mario, Laure, qui l'héberge dans l'hôtel où elle habite, Betty va connaître, pour la durée de quelques jours, un milieu tout nouveau: la clientèle des « tordus » qui fréquente le bar-restaurant de Mario, la calme assurance de ce dernier, bon bougre qui impressionne la jeune femme, le dévouement efficace de Laure à qui Betty révèle, par bribes et morceaux, sa vie passée...

Éditions PRESSES DE LA CITÉ

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Édition originale: Éd. Gallimard (1961)

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Dans la série des "romans durs" de Georges Simenon, Betty est l'un des plus âpres, des plus noirs. Cette œuvre magistrale a fait l'objet d'une adaptation cinématographique elle aussi remarquable.

À coup sûr le chef-d'œuvre de Claude Chabrol.  Et indiscutablement le plus grand rôle de Marie Trintignant, qui y signait une prestation bouleversante.

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